Née Belle Marion Greener en 1883 dans une famille afro-américaine d’Alexandria en Virginie, Belle da Costa Greene prit son destin en main.
Cultivée, passionnée, ambitieuse, elle décide de cacher ses origines afro-américaines pour gravir les échelons et offrir une vie loin du racisme et de la discrimination raciale à sa famille. Une ascendance néerlandaise « van Vliet » pour la touche aristocratique et l’autre portugaise pour le côté exotique des « da Costa Greene » et une date de naissance modifiée seront les fondements de cette nouvelle vie, de ce nouvel espoir.
Bibliothécaire à l’université de Princeton, elle apprit le métier auprès de Miss Charlotte Martins dite « Tante Lottie » et eut l’incommensurable chance de rencontrer Junius Spencer Morgan, neveu du richissime homme d’affaires John Pierpont Morgan. Il lui apprit à connaître et identifier les œuvres magistrales, à les négocier et surtout à les acquérir… Il fit d’elle la reine des bibliophiles avant de lui proposer de devenir la bibliothécaire personnelle de son oncle à New York.
Profondément attachée à son Big Chief, elle écuma les librairies, ventes aux enchères et ventes privées à la recherche de manuscrits, éditions originales, incunables, in-folio ou autres pièces de collection faisant la joie, la fierté et la notoriété de son protecteur. A la mort du magnat, son fils Jack Pierpont Morgan Jr la nomma directrice de la bibliothèque, poste qu’elle occupa jusqu’à sa mort en 1950.
Intelligente, libre, riche, véritable icône, elle vécut parmi l’aristocratie américaine et européenne et les marchands d’art. On lui connut des amours interdites avec Bernard Berenson, expert et grand historien d’art ou encore l’éditeur Mitchell Kennerley.
Mais cette vie dorée n’est ni sans contraintes ni sans sacrifices…
~ incipit ~ Londres, 1943 – laboratoire de recherche du Courtauld Institute of Art En cette fin du mois d’août 1943, le professeur Dan Thompson, directeur des recherches sur les techniques de la peinture ancienne et la restauration des fresques, se tient debout, tête baissée, devant son bureau.
C’est avec effroi que nous avons découvert la « règle de l’unique goutte de sang » (one-drop rule) et la tentation du Passing de certains métis américains.
Outre le courage et l’intelligence pour orchestrer une nouvelle vie, Belle Greene a fait montre de pugnacité et de sacrifice tout au long de sa vie. Difficile pour une femme de réussir dans ces années-là, et encore plus de le faire en conservant un tel secret malgré une vie sous les projecteurs. C’est avec brio que Belle Greene franchit tous les obstacles : brillante, avide de savoir et femme fatale, Belle est un modèle de femme libre et épanouie.
Après trois ans d’enquête et l’étude de documents et correspondances à sa disposition, Alexandra Lapierre rend un très bel hommage à l’ensorcelante Belle Marion Greener. Une femme incroyable à découvrir immédiatement !
Cette biographie nous a été conseillée, à notre tour de vous la recommander vivement !
Informations sur l’œuvre
ISBN : 978-2266311090
624 pages
Éditeur : POCKET n°17985 (06/01/2022)
Rappels historiques pour bien comprendre…
Si les anciens esclaves obtinrent le droit de vote et l’égalité civique à la fin de la guerre de Sécession en 1865, ces droits leur furent retirés seulement douze ans plus tard, et ce, jusqu’en 1964 avec la signature des Civil Rights Acts. La population américaine était alors scindée en deux groupes : white ou colored. Et, selon la « règle de l’unique goutte de sang » (one-drop rule), un seul ancêtre africain suffisait pour faire une lignée de « gens de couleur », avec un statut inférieur à tout « blanc ».
Alors, en ce début du XXe siècle où la ségrégation et les persécutions contre les Noirs sévissaient plus violemment que jamais, les métis qui pouvaient être pris pour des Blancs se trouvèrent confrontés à la tentation de transgresser la loi, de basculer dans la clandestinité et de franchir, au péril de leur vie, la barrière de couleur. Se faire passer pour « blanc » quand on était légalement « noir » portait un nom sans équivoque outre-Atlantique : The Passing.
Récompense
2021 : Prix Historia du roman historique
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