Difficile de choisir parmi toutes les œuvres laissées par le grand dramaturge de Pézenas, dont nous fêtons cette année les 400 ans de la naissance ! Nous avons retenu cette Comédie-Ballet en un acte, qui fut créée le 14 février 1667 à Saint-Germain-en-Laye sur une musique de Jean-Baptiste Lully, et qui clôturait « Le Ballet des muses » auquel participait le Roi Louis XIV en personne (dans « Le Sicilien », il interprétait un « Maure de qualité » dans le dernier numéro de danse).
L’argument, très simple, reprend des thèmes chers à Molière : l’amour galant, la découverte de soi à travers l’aventure sentimentale, la rivalité amoureuse, sans oublier les différences de mœurs entre les nations (en vantant la spécificité française, bien entendu !). Adraste est amoureux d’Isidore, la belle esclave grecque jalousement gardée par le sicilien Dom Pèdre, qui l’a affranchie, certes, mais projette de l’épouser ! Apprenant que Dom Pèdre a commandé le portrait de la jeune femme, Adraste se fait passer pour un peintre français renommé afin d’approcher la belle et de la séduire par son discours galant et raffiné. Avec la complicité de sa sœur Climène, Adraste parviendra à ravir la jeune femme au nez et à la barbe du vieux jaloux.
La pièce porte la patte caractéristique du grand comédien, la langue est enjouée, la verve des personnages secondaires (de classe sociale inférieure) est drôle et implacable. L’auteur fournit à l’intrigue un cadre exotique en la plaçant dans une Sicile de fantaisie et en l’agrémentant de ballets aux couleurs orientales dont la Cour raffolait. Il en profite également pour flatter l’orgueil national avec l’opposition de l’élégance française d’Adraste face au modèle rustre et dépassé de Dom Pèdre. Comme le remarque Isidore en parlant du peintre : « Ce gentilhomme me paraît le plus civil du monde ; et l’on doit demeurer d’accord, que les Français ont quelque chose, en eux, de poli, de galant, que n’ont point les autres nations ». Un divertissement qui sut séduire la Cour de Louis XIV et qui continue d’amuser aujourd’hui.
~ incipit ~ HALI, aux musiciens Chut... N'avancez pas davantage, et demeurez dans cet endroit, jusqu'à ce que je vous appelle.
Galanterie, quiproquos, déguisements et badineries qui annoncent les pièces de Marivaux ; un petit trésor méconnu de Molière qui sera, nous l’espérons, redécouvert tout au long de cette année anniversaire. Il sera notamment à l’honneur très prochainement sur les planches de la Comédie-Française (le 7 mars 2022).
Informations sur l’œuvre
ISBN : 978-2070441013
128 pages
Éditeur : Folioplus
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