A travers 27 poèmes en prose, Christian BOBIN nous emmène dans une promenade lyrique au cœur de la nature (qui salue saisons, animaux, arbres et fleurs), du temps qui passe, de la perte des êtres aimés, de la vie, de la mort…
Et même si d’après l’auteur, “On a toujours l’air idiot quand on parle de fleurs”, le muguet rouge, cette fleur fragile, chimérique et poétique éclaire et guide le lecteur tout au long de sa lecture.
~ incipit ~ Mon père mort me montre deux brins de muguet rouge. Il me dit qu’un jeune homme là-bas, dans une montagne du Jura, a inventé ce muguet et envisage de le répandre sur le monde. Il m’invite à aller le voir.
Cette fois encore, la plume de Christian Bobin est concise, précise et acérée.
Des poèmes emplis de profonds et révérencieux hommages à des auteurs, poètes et musiciens tels que Pascal, Anna Akhmatova, Gérard de Nerval, Kafka, Jacqueline du Pré ou Samson François… qui dénoncent aussi avec force la place trop importante de la technologie ainsi que le mercantilisme et la déshumanisation actuels.
Bien que court, Le muguet rouge se lit lentement. Il faut prendre le temps de peser, embrasser et savourer chaque mot, chaque idée. Lâchez prise, laissez le temps faire son œuvre… d’autant qu’il s’agit de l’ultime ouvrage de l’auteur, publié peu de temps avant sa mort survenue le 23 novembre 2022.
Informations sur l’œuvre
ISBN : 978-2072855559
88 pages
Éditeur : Gallimard – Collection Blanche (06/10/2022)
De ce livre, je retiens les fleurs, les herbes coupées et leur senteur suave et toutes ces saveurs poétiques que Christian Bobin semble exprimer sans forcer. On a l’impression que son écriture est celle d’un premier jet, il est le magicien des mots et des sentiments, incontestablement.
Par moments, ses phrases courtes me font penser à celles de Sylvain Tesson qui est aussi capable de jouer avec les mots, même si le contexte est radicalement différent.
Bobin voit une nourriture pour la terre dans les poèmes, il l’exprime avec délicatesse, abordant une grande variété de thèmes qui se fondent en un seul, l’écriture, celle des poètes comme Nerval, des philosophes comme Descartes, la sienne, pénétrante, envoûtante et, quand il évoque la mort et cet au-delà mystérieux, on ne peut que vivre pleinement cette « écriture qui est résurrection »