ZWEIG, Stefan. Vingt-quatre heures de la vie d’une femme

Au début du XXème siècle, les clients d’une pension de la Côte d’Azur fréquentée par la bourgeoisie sont les témoins de la fuite scandaleuse d’une épouse avec un jeune homme qu’elle connaissait à peine. Alors que les discussions et les élucubrations vont bon train, le narrateur surprend l’assistance en tentant de trouver une explication à l’attitude de la fautive, soulevant l’indignation et la colère de l’assistance. Seule une vieille dame anglaise se rapproche alors de lui et accepte de lui raconter vingt-quatre heures qui ont bouleversé son existence et que les événements de la pension ont subitement ravivés en elle.

J’ai personnellement plus de plaisir à comprendre les hommes qu’à les juger.

Vingt-quatre heures peuvent bouleverser une vie. Décision irréfléchie, coup de tête, coup de folie, il en faut peu pour prendre un tournant radical et changer de cap. Parfois, ce changement brusque est malheureusement contraint, comme ce sera le cas pour l’auteur qui fuira son Autriche natale devant la montée du nazisme. Il sera naturalisé anglais en 1939 avant de fuir au Brésil où il mettra fin à ses jours le 22 février 1942, désespéré devant le désastre de la guerre en Europe et hanté par la vieillesse inéluctable qui le rattrape de jour en jour.

 
~ incipit ~
Dans la petite pension de la Riviera où je me trouvais alors (dix ans avant la guerre), avait éclaté à notre table une violente discussion qui brusquement menaça de tourner en altercation furieuse et fut même accompagnée de paroles haineuses et injurieuses.

Comment les Délices de Livres n’avaient-elles pas encore célébré cet extraordinaire auteur autrichien ? Réparons dès aujourd’hui cet égarement à l’occasion de notre Défi Lecture du mois de mars 2023 ! Ami de Sigmund Freud et passionné de psychologie, Stefan Zweig ne laisse pas de nous surprendre par sa connaissance impressionnante et ses descriptions subtiles de l’âme féminine. En un peu plus d’une centaine de pages, l’auteur explore avec une finesse remarquable les ravages de la passion, le doute et la culpabilité en nous invitant à pénétrer dans l’intimité de ses personnages sans tabou.

Cette nouvelle, écrite en 1927, est bien antérieure aux désastres de la guerre, mais elle reste l’une des grandes réussites de cet écrivain profondément pacifiste qui sera victime, de façon indirecte mais cruelle, du nazisme et de sa folie destructrice.



Informations sur l’œuvre

ISBN : 978-2253060222
128 pages
Éditeur : Le Livre de Poche (01/01/1992)


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